Portraits de femmes – Sabrina et Lo, fondatrices du studio de design S.Lo

19 Février 2020


by Aude Camus
 
Les derniers mois ont été plutôt éprouvants pour notre bien-aimée Hong Kong. Les manifestations et maintenant le virus n’ont pas fait qu’entacher l’image et le climat social de cette ville que j’aime tant mais ont aussi fortement impacte son économie. Alors, faut-il voir la vie en noir ? Non, non et encore non. Je reste optimiste. Et plus que jamais j’ai envie de vous présenter des portraits d’entrepreneurs, de vous partager leurs pensées, leurs humeurs, leurs challenges mais aussi leurs succès. Comme le dit Sabrina Ettedgui, co-fondatrice avec Lo Eli, du studio de design S.Lo  : « d’un challenge nait toujours une opportunité ».
 

 
Bonjour Sabrina, Lo. Merci à toutes les deux de m’accorder un peu de votre temps. Pour commencer, pouvez-vous m’en dire un peu plus sur vous ? Qui êtes-vous, comment vous êtes-vous rencontrées ?

Lo : j’ai passé mon enfance à déménager et Hong Kong a été mon tout premier point de chute. Apporter ma touche et me créer mon propre univers a toujours été ma façon de m’approprier ces nouveaux espaces, comme un mécanisme de survie. J’ai ensuite débuté une carrière dans l’art en tant que conservatrice et scénographe qui m’a amenée à pousser encore plus loin mon exploration de l’aménagement de l’espace.  Et puis, j’ai décidé d’étudier le design d’intérieur et c’est ce qui m’a fait revenir à Hong Kong, via un programme d’échange universitaire. L’amour (et un bébé) m’ont fait m’installer ici définitivement.
 
Avant de rencontrer Sabrina, je travaillais déjà en tant que designer sur des projets de design d’intérieur mais aussi de styling et des projets photos. Nous nous sommes rencontrées dans mon studio, sur un shooting et j’aime dire qu’elle est un peu tombée du ciel.

 

Sabrina : nous sommes toutes les deux les illustrations parfaites de ce qu’on appelle les citoyens du monde (ou enfants de la troisième culture). Je suis Française, née en Italie, j’ai vécu à Londres avant de déménager à Hong Kong avec mes parents en 1996. Et encore, ce n’est que la face immergée de l’iceberg. C’est un vrai privilège de connaitre une telle enfance mais cela créé aussi une difficulté à se construire une identité. On se demande d’où l’on vient vraiment. C’est pourquoi, je pense, enfants nous nous sommes beaucoup attachées aux lieux dans lesquels nous avons vécus, c’étaient nos repères. Ma mère a toujours mis beaucoup d’efforts à faire de nos maisons des sanctuaires, des lieux où l’on puisse se sentir bien et dire « c’est chez nous ». Sa passion et son attention aux détails été si inspirantes que je suis persuadée que mon intérêt pour la décoration d’intérieur vient de là. De là et du fait que mon père a été à la tête d’un gros groupe d’hôtellerie à partir de 1998 ce qui m’a permis de découvrir l’univers du design des hôtels.  
 
J’ai débuté ma carrière dans l’industrie du luxe en travaillant sur des projets d’ouverture de boutiques et de global merchandising. Je me suis ensuite orientée vers le vin. Mais je crois bien que mon cœur a toujours été au développement de concept et j’ai finis par décider de suivre cette voie. C’est le hasard, un heureux hasard, qui m’a fait rencontrer Lo et voilà ou nous en sommes, 1 an plus tard.
 
 
Quand avez-vous lancé S.Lo studio ? Et pourquoi avoir sauté le pas et décidé d’ouvrir votre propre studio de design ?

Lo : nous nous sommes lancées au Printemps 2019 mais avions déjà travaillé ensemble avant sur un projet. Un peu comme un test. Pour ma part je connaissais le métier puisque je l’exerçais déjà. Avec Sabrina nous nous sommes vraiment bien trouvées parce qu’elle comprend mon style mais a aussi un sens aiguisé de business développement et du service client.
 
Je pense que nous nous retrouvons bien sur le constat qu’il y a un sérieux manque d’une offre durable, artisanale et de caractère en matière de déco à Hong Kong. Nous voulions apporter cela.
 
Sabrina : Oui. Nous avons toutes les deux à cœur d’incorporer les principes et les valeurs du « slow movement » dans notre façon de travailler et dans les projets que nous réalisons. Cela veut notamment dire avoir une approche la plus durable possible, tout au long du process de design. Et aussi, nous espérons que ce que nous créons en matière de design d’intérieur titille l’esprit créatif des gens qui en bénéficie.
 
Malgré sa beauté, Hong Kong reste une ville qui peut écraser les gens sous le poids du bruit et du stress. On ne se rend pas forcément compte de l’impact que ce chaos constant a sur notre quotidien. Nous voulons offrir des espaces de sérénité.
 
Une autre chose que je souhaite souligner et que si nous travaillons avant tout sur des projets de design d’intérieur, nous avons aussi d’autres projets notamment la création d’image de marque et des services de consultantes sur des projets donnés.
 
 
Qui sont vos clients ?
Lo : des compagnies et des particuliers. Nous attirons aussi bien des compagnies qui souhaitent améliorer l’esthétique de leurs bureaux que des particuliers qui comprennent l’importance d’une approche holistique en matière de design d’intérieur.

Sabrina : exactement. Et nous souhaitons aussi développer nos projets avec les investisseurs et promoteurs immobiliers.
 
 
Quel est le plus gros challenge que vous ayez rencontré jusqu’ici en tant qu’entrepreneurs ?
Lo : nous avons lancé notre compagnie sur une année un peu particulière pour Hong Kong et, pour moi, le plus gros défi a été de rester positive en ces temps difficile. Mais je vois aussi cela comme une opportunité de faire évoluer les choses vers un futur qui aura plus de sens.
 
Sabrina : la situation politique et le virus ont clairement mis à mal l’économie mais aussi le moral de Hong Kong. Les industries qui souffrent le plus sont celles de l’hôtellerie et du retail. Mais j’aime penser que d’un challenge nait toujours une opportunité. Nous sommes dans une période clé qui pousse à imaginer de nouvelles solutions. C’est ce sur quoi nous nous concentrons en ce moment,
 
A un niveau plus personnel, la transition du monde corporate au monde de l’entrepreneuriat n’a pas été de tout repos, notamment pour ce qui est de l’environnement de travail. J’ai essayé de travailler depuis chez moi. Ce n’est clairement pas fait pour moi ! Pas du tout ! Trouver mon rythme, ma façon de bosser a pris un peu de temps.
 
 
Et quel a été le plus gros succès ? La plus belle récompense ?
Lo : avoir pu aligner ce que je fais dans mon travail avec mes convictions personnelles est un beau succès. J’aime aussi le fait d’avoir une relation plus personnalisée avec mes clients que je ne l’aurais en travaillant pour une grosse boite.
 
Sabrina : sans verser dans le trop sentimental, pour moi le plus beau succès a été de voir ma relation avec Lo s’épanouir de façon si évidente. Nos personnalités, nos talents, nos visions sont complémentaires. Ajoutez à cela du respect, de la confiance et de la considération l’une pour l’autre et vous avez la recette d’une jolie collaboration. Et c’est quelques choses qui ne marche pas à tous les coups. Et puis, j’aime le fait de pouvoir voir le fruit de mon travail. Je trouve cela incroyablement gratifiant. 
 
 
La suite c’est quoi pour S.Lo ?
On espère rendre vite disponible au grand public certains de nos matériaux. Nous avons aussi un gros projet en cours ici à Hong Kong pour une retraite. T il y a aussi quelques projets internationaux sur la table.
 
 
Une journée type dans votre vie en ce moment ça ressemble à quoi ?
Lo : je n’ai pas de journée type ! Je m’ennuierai je crois. Et puis, étant maman et entrepreneur je me dois d’être flexible. Mais j’ai quelques habitudes. Je commence toujours ma journée en écrivant dans mon journal perso te je me sers une boisson antioxydante pour fortifier mon organisme. Mes matinées sont généralement plutôt lentes, c’est un peu ma façon de m’échauffer pour la journée : je crée des visuels, j’organise mon travail, je fais du styling. J’attaque les rendez-vous, les visites de site, le sourcing de produits dans l’après-midi.

C’est souvent le soir que je suis la plus créative, quand tout est calme et que la lune se reflète dans ma fenêtre comme pour me donner la permission de rêver. Pas idéal niveau repos cependant.
 
Sabrina : je démarre généralement la journée avec de l’exercice physique suivi d’une tasse de matcha latte au lait d’avoine. Je suis ensuite prête à m’asseoir à mon bureau, dans un coworking space, et à me plonger dans le travail. J’aime avoir une to do list et me fixer des objectifs pour la journée. Je dédie généralement mes après-midis aux rdvs physiques et téléphoniques et si je n’en ai pas, je reste concentré à mon bureau. J’essaye de maintenir un bon équilibre entre vie perso et vie pro et je fais des pauses quand le besoin s’en fait ressentir et/ou que le stress monte.
 
 
Pour finir, vos adresses chouchoutes à Hong Kong pour un déjeuner en famille ou avec des amis, un brunch, un diner en amoureux, quelques verres … ?
Lo : j’ai deux petits monstres à la maison et je vis dans les iles, dans une petite maison entourée par la nature. Je suis donc toujours heureuse d’être chez moi ou de grignoter sur la plage. Si je suis sur Hong Kong Island, j’essaye de faire attention à ce qu’il y a de nouveau, quels sont les nouveaux concepts qui font le buzz … mais Sabrina est bien plus citadine que moi et pourra donner bien plus d’adresses.
 
Sabrina : j’ai d’abord, et toujours, aimé Hong Kong pour sa nature et ses sentiers de randonnée, ses iles et ses plages. Je voyais le centre-ville comme un lieu dédié au shopping puis plus tard mon lieu de travail. Mais cela c’était avant que je ne tombe amoureuse d’un vrai foodie, un qui m’a amenée à explorer ma ville sous un angle gourmand.
 
Pour le brunch on fait simple et efficace chez Oolaa, Metropolitain ou encore Limewood, Cococabana et Treasure Island quand le temps le permet. Pour un déjeuner plus raffiné (et pour se faire plaisir) on aime aller à L’Atelier de Joël Robuchon (Retrouvez notre interview d’Adriano Cattaneo, le Chef Exécutif de L’Atelier de Joël Robuchon Hong Kong ). Mais j’adore aussi Francis à Wanchai, c’est si bon.
 
Pour un diner romantique, on aime les petits restaurants intimes comme Frantzen’s Kitchen. Ou alors un bon Japonais comme Honjo ou TMK pour une ambiance plus relax (redécouvrez notre article sur TMK ). Entre amis, j’aime allez chez Maison Libanaise, B.A Polo Club ou TokyoLima. Et en famille, c’est souvent chez Pinco Pallino, Feather & Bones, Quartermaster, Ollies ou High Street Grill que nous finissons.
 
Enfin, pour un verre ou deux, je vais chez Brickhouse (petit clin d’œil à mon amoureux). Ou plus sérieusement chez Irons Fairies, Foxglove ou PDT, 3 lieux que j’aime pour leur design et/ou la musique live. Je sais que si je veux faire la fête je trouverai toujours des amis chez Pastis. Et sinon, pour une soirée endiablée (ça n’arrive pas souvent), j’adore Petticoat Lane. J’ai aussi hâte de tester le bar XX au Rosewood (retrouvez notre article sur XX ).
 




 


 

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