Portraits de femmes – Emma, Founder de Farmer’s Market

7 Janvier 2019


par Aude
 
Si vous me lisez régulièrement (comment ça non ? C’est mal !) vous le savez : je suis complètement obsédée par la bouffe. Vous ne serez donc pas étonnés d’apprendre qu’une de mes résolutions pour cette nouvelle année est liée à cette obsession. Et non je ne me mets pas au régime … ça ne va pas non ? J’aime beaucoup trop manger pour ça ! Non en revanche de plus en plus je m’intéresse à la provenance de ce que j’achète, cuisine et mange et recherche de la qualité mais à un prix abordable (parce que vous savez bien comment cela se passe à Hong Kong, ça peut vite s’envoler). Objectif 2019 : trouver des bons produits à prix raisonnables et partager tous mes bons plans avec vous. On commence avec Farmer’s Market, un boucher en ligne lancé en 2016 par Emma Pike et distribuant de la viande (mais pas que) fraiche venue tout droit d’Australie : bœuf, agneau, porc, saumon, poisson, canard, poulet, saucisses … 
 
Une histoire d’entrepreneuriat au féminin et de bouffe, évidemment j’ai voulu creuser un peu tout ça ! 

 

Portraits de femmes – Emma, Founder de Farmer’s Market
Bonjour Emma. Ravie de te rencontrer ! Tu m’en dirais un peu plus sur toi ? Comment es-tu arrivée à Hong Kong ? Comment as-tu lancé ta boîte ? Et pourquoi un boucher en ligne ?
 
Je suis arrivée à Hong Kong en 2016. Très original : j’ai suivi mon mari. Pas d’enfants, fin de la vingtaine … on s’est dit « pourquoi pas ? ». On pensait ne rester que quelques années, 13 ans après nous sommes toujours ici, avec deux enfants, et on ne regrette aucune des décisions que nous avons prises pendant ces années. 
 
Quand je suis arrivée, je ne pouvais pas bosser parce que le Dependent Visa n’existait pas encore. Du coup je passais le temps en faisant des tournois de squash et en coachant des juniors gratuitement. J’ai aussi fait 6 mois de cours intensifs de Cantonais, l’idée était de pouvoir avoir une conversation avec les locaux, commander de la nourriture, m’intégrer un peu. 
 
J’ai toujours eu l’âme d’un entrepreneur. J’ai quitté l’école à 15 ans pour lancer mon premier business à 16, que j’ai revendu peu après mes 20 ans. En fait, mon premier business je l’ai monté quand j’avais 9 ans mais ça ne compte pas vraiment surtout que j’ai dû faire don de tous mes profits à l’église du quartier quand ma mère a découvert mon petit trafic. J’ai grandi en Australie, à Bondi où il y a énormément de touristes. Je récupérais les boites des pellicules  photos que je remplissais de sable puis quand les touristes remontaient dans leurs bus je leur vendais le sable de Bondi beach pour 50 centimes ou 1 dollar (je ne sais plus trop). Ça marchait plutôt bien ! Et puis je me suis faite attraper …
 
Quand j’ai finalement pu avoir un Dependent Visa j’ai commencé à coacher au HKFC et à l’American Club mais après 2 enfants c’est devenu plus compliqué et je me suis dit « pourquoi pas lancer mon business ? ». J’ai toujours été plutôt débrouillarde en informatique et à l’époque plusieurs de mes amis cherchaient à lancer des sites web et recevaient des devis à 20K voir bien plus. Je me suis dit que créer un site ne devait pas être bien sorcier donc je me suis formée et j’ai commencé à créer les sites d’amis, puis d’amis d’amis, puis d’amis d’amis d’amis … c’est devenu une vraie activité et à 2 nous avons créé plus de 300 sites. Il fallait soit embaucher des gens pour grossir soit trouver une activité qui ne me demandait pas de mettre les mains à la pâte au quotidien. Et je me suis dit : tiens, pourquoi pas la bouffe. Il y a quelques années, la qualité des produits qu’on trouvait à Hong Kong n’était pas top et les prix parfois délirants, je me suis dit que je voulais apporter les bons produits Australiens que je connais mais en maintenant un prix abordable et donc en vendant en ligne pour ne pas payer le loyer d’un magasin. Voilà comment est né Farmer’s Market.
 
En ce moment, je vis entre Hong Kong et Singapour parce que nous ouvrons là-bas en Février. Pour moi, en termes d’offre alimentaire, Singapour se situe là où était Hong Kong il y a quelques années donc j’ai saisi l’opportunité. Qui sait quel sera le prochain pays ! Et avec un peu de chance, peut être qu’un jour nous ne serons plus juste le premier boucher en ligne de Hong Kong mais le premier boucher en ligne de toute l’Asie ! 
 
Quel est pour toi le plus gros challenge en tant qu’entrepreneur ?
 
Garder les comptes dans le vert. C’est difficile parce qu’être entrepreneur c’est avoir une idée à la minute, partout, tout le temps. Et c’est vouloir mettre en place ses idées. Quand on sent que l’idée commence à marcher on s’appuie dessus pour la développer mais pour cela il faut plus d’argent, et cet argent on le met parce qu’on croit à fond au résultat, le problème c’est que le résultat mais parfois du temps à arriver.
 
Et le plus excitant ?
 
Recevoir des retours clients positifs. Que quelqu’un prenne le temps de vous remercier pour votre travail est un sentiment incroyable. Bien sûr il y en a toujours pour critiquer ou se plaindre, et encore je suis chanceuse, je reçois très peu d’emails de ce type, mais recevoir un message de quelqu’un qui vous dit que vous avez 100% rempli ses attentes … quel kiff ! 
 
Une autre chose que j’adore c’est que mon travaille me permet d’éduquer les gens sur la nutrition, la viande, la qualité des aliments que nous mangeons. Je dépense beaucoup de temps et d’argent à m’éduquer moi-même pour pouvoir partager avec mes clients et qu’ils sachent que je sais ce que je fais quand je leur vends mes produits. Je n’ai pas de background agricole et je ne peux clairement pas me vanter de mes exploits scolaires puisque j’ai arrêté l’école à 15 ans, mais quand il s’agit de viande je sais de quoi je parle. J’ai récemment suivi un cours de « meat science » à Sydney avec le Meat Livestock Australia (MLA) et je travaille avec eux sur un cours qui viserait à former les gens comme moi (qui revendons les produits) sur les méthodes d’élevage, le bétail, l’abattage, la mise sous-vide …
 
Des plans de développement pour la nouvelle année ?
 
Oh oui ! Nous lançons Singapour et on bosse pour lancer un autre pays en Asie en 2021 mais pour l’instant je garde le secret. 

 

Portraits de femmes – Emma, Founder de Farmer’s Market
Tu as pensé à étendre ta gamme de produits et proposer d’autres produits fermiers comme des légumes ou des produits laitiers ? 
 
Oui j’y ai pensé. Mais en fait je ne veux pas être un supermarché. Je préfère faire bien une chose et être numéro 1 sur une catégorie. Il y a d’autres gens qui vendent des légumes, du vin, des produits laitiers et ils font ça très bien. Moi je veux être celle qui fait la viande très bien. 
 
Un jour dans ta vie en ce moment ça ressemble à quoi ? 
 
C’est long ! Je suis debout à 6h30 pour pouvoir mettre mes enfants dans le bus de 7h pour l’école et du coup je suis devant mon ordi à 7h15 : je check mes mails, les réseaux sociaux, je poste, je crée les newsletters, j’échange avec des clients, je contacte d’autres boites pour envisager des collaborations, je crée des e-books pour partager mes connaissances avec les clients, je mets le site web à jour, je contacte Vivian qui dirige le bureau de Hong Kong pour être sûre que tout roule comme sur des roulettes … et puis c’est déjà l’heure du déjeuner.
 
Et ça reprend. En gros je suis à mon bureau de 7h15 à 15h30 puis les enfants rentrent et je prends un peu de temps pour jouer à la maman : devoirs, activités extra-scolaires, diner, bain et au lit. Mais mon ordinateur n’est jamais loin et je check mon téléphone en permanence pour m’assurer que rien ne requiert une réponse urgente de ma part. Généralement, je me remets sur mon ordinateur entre 20h30 et 22h30.
 
Deux jours par semaine, je m’accorde une matinée off et je joue au tennis quelque heure. C’est aussi ça être entrepreneur (aujourd’hui en tout cas, au début ce n’est pas quelque chose que je pouvais faire).
 
Quelles sont tes adresses/bon plans/recommandations pour :
Un déj entre copines : Bar and Grill à Happy Valley. La plupart de mes copains habitent dans ce quartier et j’aime les retrouver pour une bière et un repas tout simple
Un diner en tête à tête Monogamous, mon restaurant préféré de tout Soho. La cuisine du nord de la Chine de Chef Ben est délicieuse.
Un brunch en famille : au Marriot Hotel
Une soirée avec les enfants : le quartier de Star Street à Wan Chai et ses nombreux restaurants : Ham and SherryLe Garçon Saigon,22 ShipsQI… J’ai de la chance, mes enfants adore manger. 
Une escapade pour le weekend : un weekend de 4 jours parce que cela prend du temps d’aller jusque-là bas mais Minang Cove en Malaisie est un vrai paradis et surtout il n’y a pas d’internet donc moi, mon mari et mes enfants déconnectons complètement.
Des vacances en famille : je loue un villa à Seminyak (Bali) et je n’en sors que pour diner en ville



 



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