D'un chagrin d’amour en Europe à un job de rêve à Macao, Kirsten Bell a atterri en Asie un peu par hasard — et ne l’a jamais quittée. D’origine belge, elle a grandi sur les planches, avec une passion pour la scénographie et un don certain pour la logistique. Depuis plus de dix ans, elle façonne la scène évènementielle hongkongaise. Co-fondatrice de l’agence créative What If et, plus récemment, de Sustainevents — une plateforme qui aide les agences à intégrer de vraies pratiques durables — Kirsten s’est donnée pour mission d’infuser un peu de vert dans le monde (encore trop jetable) des évènements de marque. On a discuté ensemble de création, de durabilité, de maternité… et de cette fameuse quête de sens.

Tu es née en Belgique, tu as vécu un peu partout — Europe, États-Unis, Asie depuis plus de 15 ans. Qu’est-ce qui t’a amenée à Hong Kong, et qu’est-ce qui t’a donné envie d’y rester ?
Honnêtement ? Un chagrin d’amour. J’avais besoin de fuir l’Europe, vite. Alors quand une opportunité s’est présentée pour rejoindre l’équipe du metteur en scène Franco Dragone à Macao, j’ai dit oui sans hésiter (et sans trop savoir où c’était, Macao). Au bout de six mois — et six mois de retard — The House of Dancing Water a enfin ouvert, et on m’a « renvoyée chez moi », en Europe. Mon appart, mon ancien job, ma vie d’avant… sans le mec. Mais la magie asiatique avait fait son effet. Je ne voulais plus rester. Alors je me suis débrouiller pour trouver un nouveau poste à Hong Kong — et 14 ans plus tard, j’y suis toujours.
Tu as étudié le théâtre, tu as commencé ta carrière dans la scénographie et la production. Qu’est-ce qui t’a fait basculer vers l'évènementiel ?
C’était une évolution naturelle. Je suis passée de la « mise en scène » à la « mise en espace ». J’adorais raconter des histoires, créer des univers… mais j’étouffais un peu sur une scène. Et puis un jour, j’ai produit une performance live mêlant musique et mode dans un club à Bruxelles — mannequins, DJs, danseurs, décors… j’ai A-DO-RÉ. Ça a ouvert de nouveaux horizons.
Tu es aujourd’hui à la tête de What If et tu as lancé Sustainevents. Comment les deux projets cohabitent ? Et qu’est-ce qui t’a poussée à te lancer dans ce nouveau challenge ?

Quel rôle joue What If dans le paysage créatif de Hong Kong ?

On réalise des rêves ! On donne vie aux marques, on les rend vivantes et proches des gens. C’est une question de storytelling : on respecte l’héritage tout en parlant au public d’aujourd’hui… et de demain.
Pourquoi la durabilité, dans l’évènementiel, ce n’est pas juste une tendance ?
Parce que ça ne peut plus être une option. J’étais dans les premières à croire aux éco-gobelets, aux tote bags, aux stations de tri… mais personne ne suivait. Même chez nous, on n’avait pas de plan de CRM quand nos clients internationaux ont commencé à le demander. Il n’y avait pas de solutions locales, zéro soutien gouvernemental. Alors je me suis dit qu’on devait construire ça nous-mêmes.
Des exemples concrets d’actions mises en place pour réduire votre empreinte écologique ?
On a commencé par notre atelier de production : réduction des matières premières, réutilisation des décors via un système d’inventaire digitalisé, recyclage quand c’est possible. Mais mon petit coup de cœur de l’année, c’est Rose, une étudiante française qui a eu l’idée de récupérer les compositions florales après nos évènements, de les revendre dans son quartier, et de reverser les gains à des associations. On l’aide aujourd’hui à développer ce projet.
Est-ce que les clients jouent vraiment le jeu de la durabilité, ou c’est encore compliqué ?
Il y a encore beaucoup de chemin à faire. Les équipes globales poussent dans ce sens, mais elles ne comprennent pas toujours les contraintes locales… ni les coûts supplémentaires. Il manque encore beaucoup d’éducation. On propose des solutions, mais il faut que les gens les utilisent. Et ça commence en interne, au niveau des agences.
“Make the dream come true” — c’est ton mantra. Un rêve que tu as contribué à réaliser ?

Le DFS Masters of Time 2023 à Macao et l’ouverture du Regent Hong Kong. On a fait descendre des danseurs en rappel le long de la façade de l’hôtel. Celui-là, j’en suis vraiment fière.
Et un rêve que tu aimerais concrétiser — sans aucune limite de budget ?
Celui-là, mon associée va rigoler… Je rêve de transformer une vieille piscine publique abandonnée de Hong Kong en un évènement de marque qui redonne vie au lieu, un projet qui connecte passé et futur. Je l’ai déjà pitché plusieurs fois (rires).
Tu es maman de deux enfants, tu diriges des équipes partout en Asie… Comment tu gères tout ça dans une ville aussi intense que Hong Kong ?

C’est toujours en cours de réglage ! Couper les notifications, ça aide. Je me lève avec les garçons vers 6h — on se lave les dents, on s’habille ensemble, et ensuite je regarde mon téléphone. Je fais du sport avec eux ou en solo, puis je file au boulot jusqu’à 18h. Le soir, c’est la famille d’abord. Et une fois les enfants couchés, c’est soit laptop, soit infusion et lecture avec Muk, mon mari.
Des adresses à Hong Kong pour rester active et manger sainement ?
On bouge tous les jours — la salle, Strength Culture, les baignades à la plage, les parcs… ou juste du training à la maison avec le matos de Muk. Côté cuisine, on mange souvent chez nous, on adore notre air fryer et on commande de la bonne viande chez Steak-Kings. Et quand on sort, c’est souvent chez Smoke & Barrel pour satisfaire mes carnivores.
Et pour te ressourcer, tu fais quoi ?
Je vais voir mon kinésiologue, Sean Bilkey. Ou alors je me fais une mini parenthèse avec :
- une visite du JC Museum à Tai Kwun avec les enfants (leurs kits pour kids sont tops)
- une nage en solo à la piscine publique Sun Yat Sen vers 13h
- des baignades en mer le week-end avec mes fils — j’y ai pris des grandes décisions de vie
- l’église Union Church le dimanche pendant que les garçons sont au catéchisme
Un conseil pour les mamans entrepreneures (ou en devenir) à Hong Kong ?

Et ce n’est pas tout…
Si, comme Kirsten, tu jongles entre boulot, enfants, projets créatifs (et un peu de folie au passage), voici quelques petites choses qu’on pense que tu vas adorer :