Entrepreneurs à Hong Kong – Amy, fondatrice de The Wee Bean

20 Avril 2020


par Aude Camus
 
Y a-t-il des mamans ou des futures mamans qui me lisent ? Je suis sur le point d’accueillir mon premier enfant et je dois dire que je suis un peu paumée sur ce que je dois acheter. Quoi ? Où ? En quelle quantité (naviguant à l’aveugle, j’ai du coup tendance à un peu m’emballer, je viens de passer ma première commande couches, je vous laisse imaginer la tête de mon partenaire quand les trois paquets de 100 couches sont arrivés à la maison …) ? Et puis, je dois avouer qu’être un expat ne facilite pas les choses parce que du coup le peu de marques référentes que j’ai en tête sont des marques Française et si, bien évidemment il y aura des marques Françaises dans le dressing (les deux grands-mères se sont déjà bien chargées de cela) et la chambre de ma bébé, je souhaite aussi dénicher des petites marques locales sympas, des petites perles que je ne trouverais pas ailleurs. Instagram est du coup mon meilleur ami (mais aussi mon pire ennemi car maintenant que l’algorithme a bien compris ce que je recherchais et ce que j’aimais, je ne reçois que des pubs ciblées qui me donnent sérieusement envie de craquer) et je passe des heures à parcourir des comptes tous plus mignons les uns que les autres. Je suis par exemple tombée il y a peu sur cette photo d’un bébé emmailloté dans un lange à l’imprimé dim sum.

Sérieusement … cette photo n’est-elle pas à croquer ? Cet adorable bébé est le dernier né d’Amy Tang, maman de deux bambins et fondatrice de la marque The Wee Bean qui propose des langes, bavoirs … en tissus bios et aux imprimés à croquer. Une maman que j’ai voulu rencontrer pour discuter maternité et entrepreneuriat.
 
 
 
Bonjour Amy ! Merci de prendre le temps de répondre à mes questions. Peux-tu commencer par te présenter ? Qui es-tu ? Qu’est-ce qui t’as poussé à lancer The Wee Bean ?

Je suis née à Hong Kong mais ma famille a déménagé au Canada quand j’avais 3 ans. Pendant ma première année d’université, j’ai passé un été entier à Hong Kong avec ma sœur qui venait de s’installer pour son travail et j’ai adoré. J’ai donc décidé de moi aussi venir m’installer ici, une fois mon diplôme en poche. Mon autre sœur s’était aussi installée ici entre temps et j’ai rejoint son entreprise avec un rôle de Recruitment Assistant. Puis j’ai grimpé les échelons et j’ai finis pas être à la tête du département recrutement Asie-Pacifique d’une grosse boite de gestion d’actifs.  Je travaillais comme une dingue, je voyageais beaucoup et il se trouve qu’au même moment mon papa est tombé gravement malade et j’ai découvert que j’étais enceinte. J’ai donc pris la difficile décision de mettre ma carrière entre parenthèse pour retourner m’installer au Canada et me rapprocher de mes parents. Et puis, ma fille est née. Elle a très vite développé de l’eczéma. La peau des bébés est très fragile. Savais-tu que 60% des nouveaux nés sont sujets à de l’eczéma avant leur 1 an ? Je me rappelle ce sentiment d’impuissance devant les plaques rouges de mon bébé. La pauvre, elle avait des plaques partout et la seule solution que me proposait les médecins était l’utilisation d’une crème stéroïde bourrée de produits chimiques. Pour moi ce n’était pas la bonne solution et je ne souhaiter pas remplacer un mal par un autre. Je me suis donc lancée dans des recherches intensives sur l’eczéma, ses causes et des façons naturelles de le traiter. J’ai changé mes habitudes et je suis passée à la lessive naturelle et aux produits de soins naturels. Et puis, j’ai commencé à me pencher sur la question du textile et j’ai découvert que certains tissus, certaines matières pouvaient être des facteurs aggravants de l’eczéma puisqu’ils empêchent l’air de circuler et provoquent des inflammations. J’ai donc décidé de lancer ma propre marque d’accessoires bébé en matières naturelles telles que le coton bio ou la fibre de bambou : The Wee Bean.
 
 
Tu m’en dirais un peu plus sur The Wee Bean ?

J’ai d’abord commencé avec une collection de langes puis j’ai rapidement agrandi la gamme pour proposer tout une collection d’accessoires bios et/ou naturels : des langes, des bavoirs, des serviettes de bains ou encore des anneaux de dentition en bois.  L’idée est d’allier naturel et praticité et de proposer des produits qui puissent grandir avec les enfants. Et puis, parce qu’être parents ce n’est pas tous les jours du gâteau, je voulais apporter un peu de fun dans tout ça d’où nos imprimés.
Pour ce qui est du nom, il est inspiré de notre fille qui s’appelle Sophie Bean. Wee veut dire petit donc la marque est nommée d’après notre petite bean 😊
 
 
The Wee Bean est une marque locale et tu as récemment lancée la collection Taste of Hong Kong avec des imprimés inspirés par la culture gastronomique de la ville. Est-ce que cette identité Hongkongaise de ta marque est importante pour toi ?

Oui ! Si mon mari et moi avons grandis au Canada, nous sommes tous les deux nés à Hongkong et sommes très attachés à nos racines. Et puis, nous avons beau avoir été élevés à l’étranger, la culture Hongkongaise a toujours fait partie de notre éducation. Par exemple, j’ai toujours passé mes dimanches en famille et j’ai le souvenir de ces longs déjeuners avec cousins, oncles et tantes où nous mangions des dim sums. Un de mes souvenirs d’enfance les plus forts ce sont les pauses But Jai Go (un gâteau de riz au sucre roux et à la pâte de haricot rouge) avec mon papa, nous nous asseyions l’un à côté de l’autre pour déguster notre gourmandise en regardant passer la foule. La nourriture c’est ce qui réunit les gens et c’est pourquoi nous avons voulu une collection inspirée par la culture culinaire de Hong Kong.
 
 
Tes produits sont bios, tes emballages garantis sans plastique et la collection Taste of Hong Kong a récemment été récompensée d’un Smart Design Award pour son design et sa production durable. Est-ce que cet engagement de durabilité était une évidence pour toi dès le lancement de la marque ?
En tant que parents, mon mari et moi ressentons une urgence à s’engager pour l’environnement.

C’est l’idée d’abimer le moins possible la planète pour les générations futures qui nous guide. De nombreuses industries génèrent bien trop de gaspillage et nous voulions apporter notre contribution en proposant des produits mieux pensés pour limiter cela. Par exemple, nos langes sont XXL ce qui veut dire qu’ils peuvent aussi servir de couverture, d’écharpes de portage … Nos bavoirs se ferment avec des boutons ce qui évite le velcro qui se décompose à la machine et les rends ajustables, ils grandissent avec vos enfants. Ce sont des petits détails mais cela fait la différence. Avoir reçu ce prix Smart design Award a été une belle récompense, d’autant plus que les résultats sont tombés le 24 Décembre.
 
 
The Wee Ben soutient également l’association Angels for Children. Tu m’en dirais un peu plus sur cet engagement?
Angels for Children est une association caritative qui a pour but d’améliorer le quotidien des enfants pauvres dans les pays d’Asie du Sud Est. Je partage avec eux cette croyance que tous les enfants devraient être aimés, soignés et avoir accès aux soins élémentaires. Pour cette raison, nous donnons une partie de nos recettes à l’association pour soutenir leur travail à Bali où ils soutiennent des femmes enceintes atteintes du Sida. Bien souvent, ces femmes sont rejetées par la société et même par leurs propres familles et sans soutien financier leurs grossesses sont à risque. Sans compter le risque de transmission du virus au bébé.
 
Quel a été, pour toi, le plus gros challenge dans cette aventure entrepreneuriale ?
Je ne vais pas mentir : tout est un challenge. Quitter le monde corporate avec une structure, des objectifs, des heures fixes et des collègues n’a pas été facile. J’ai eu du mal à trouver mon rythme au début : soit j’étais complètement distraite et je n’arrivais pas à avancer, soit je me retrouvais à faire des journées de 12h sans plus parvenir à me poser de limites et à faire la distinction entre vie privée et vie professionnelle.
 
 
Et la plus belle récompense ?
Toute cette aventure a été une récompense en elle-même. Notamment pour le développement personnel qu’elle m’a apporté. Mais surtout, la plus belle récompense a été de trouver l’étincelle, cette envie de me lever le matin et d’avoir l’impression que je peux faire tout ce que je veux. J’adore la flexibilité que me donne mon travail et je ne compte pas mes heures car comme on le dit parfois : si vous faites ce que vous aimez alors vous n’avez pas l’impression de travailler.
 
 
Et les prochaines étapes pour The Wee Bean ?
Nous avons reçu pas mal de demandes pour une ligne de vêtements bébés et nous travaillons actuellement dessus.
Nous travaillons aussi à étendre la collection Taste of Hong Kong qui a déjà rencontré un beau succès. Je ne veux pas trop en dévoiler mais les egg waffle pourrait faire partie des nouveaux imprimés.
 
 
Une journée type dans ta vie en ce moment ça ressemble à quoi ?
Je me réveille le matin, vers 5h, au doux son de mon alarme humaine : mon bébé. Je le nourris, je le berce puis je prends mon petit-déjeuner avec ma fille en écoutant de la musique (elle est en boucle sur Moana et Frozen). Je commence à travailler vers 9h. Je check mes emails, j’appelle Bryanna notre super assistante qui est en charge du service client puis je m’occupe des relations avec nos fournisseurs : test de nouvelles matières, choix de couleurs, nouveaux design … je fais régulièrement des pauses pour nourrir mon bébé de 4 mois et je le garde près de moi pendant que je travaille. Dans l’après-midi, je réserve toujours un peu de temps pour une promenade en extérieur avec les enfants ou pour une pause sur notre balcon. Et puis je me remets au travail. Nous dinons tôt (vers 17h30) et mon mari et moi mettons un point d’honneur à assister au coucher de nos deux enfants.  Puis la maison redevient enfin silencieuse, nous pouvons profiter l’un de l’autre, travailler encore un peu si besoin avant de s’affaler devant Netflix.
 
 
Tes endroits chouchous à Hong Kong pour :
Un diner romantique : Carbone. Leur charriot de desserts est à tomber.
Un déjeuner entre copines : Treehouse, je suis dingue de leurs frites de patate douce.
Un brunch en famille : Yum Cha à Central. Notre fille réclame sans cesse leur custard buns.
Une session shopping pour tes enfants : Retykle (REDÉCOUVREZ NOTRE INTERVIEW DE SARAH, LA FONDATRICE DE RETYKLE). J’adore l’idée de pouvoir revendre les affaires de mes enfants et de participer à faire moins de gaspillage en achetant du seconde-main.
 




 




 

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