Entrepreneurs à Hong Kong – Raymond, fondateur du cabinet d’expertise comptable K.F.Lam & Co

25 Janvier 2021


par Aude Camus
Interview réalisée en Anglais puis traduite de l’Anglais au Français
 
La série entrepreneurs à Hong Kong fait partie des contenus les plus populaires sur le site web et c’est un plaisir de voir que vous aimez, autant que nous, découvrir les parcours inspirants de ceux qui font de Hong Kong cette ville à 100 à l’heure que nous connaissons. Si, cette année encore, nous sommes déterminés à vous partager encore plus de belles aventures entrepreneuriales, j’ai cependant envie d’opérer quelques changements. J’ai notamment remarqué que, par facilité et par attrait personnel, j’ai tendance à choisir d’interviewer des entrepreneurs dans des secteurs que je considère comme cools, notamment la gastronomie et la mode. Oui mais voilà, Hong Kong, telle que nous la connaissons nous qui y vivons, est bien plus qu’une ville de restaurants et de marques de luxe. C’est une ville où entreprendre est possible (j’en suis d’ailleurs la preuve) quelque soit le secteur et c’est justement tous les secteurs que je vais m’atteler à mettre à l’honneur dans mes interviews. Car oui, qui dit start-up ne dit pas forcement glamour et cool. Prenez un cabinet d’experts comptables. Alors oui, je n’ai aucune honte à l’avouer, sur le papier ça m’envoie beaucoup moins de paillettes qu’un nouveau restaurant. Maintenant imaginez que le fondateur de ce cabinet soit un local avec plus de 20 ans d’expérience dans le secteur et aujourd’hui l’une des références pour les SMEs françaises à Hong Kong grâce à une solide réputation acquise par le bouche-à-oreille et à coups de jolis succès (comme par exemple faire récupérer 250,000 HKD à un de ses clients qui payait trop d’impôts depuis des années sans s’en rendre compte …) … là on se dit qu’il y a matière à creuser un peu ce joli parcours, non ? Voici donc l’aventure entrepreneuriale de Raymond Lam, le fondateur du cabinet d’expertise comptable K.F.Lam & Co  - Certified Public Accountants (Practising)
 
 
Bonjour Raymond. Merci de prendre le temps de répondre à ces quelques questions. J’imagine que ce début d’année est chargé pour vous puisqu’il s’agit de la période de clôture de l’année fiscale. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Avec plaisir. Je suis né et j’ai grandis à Hong Kong où j’ai également commencé ma carrière en tant qu’expert-comptable dans une grosse entreprise. Après quelques années, j’ai choisi de lancer mon propre cabinet K.F.Lam & Co  et cela fait maintenant plus de 20 ans que j’exerce. En langage technique, on dit que je suis Certified Public Accountant (Practising). En pratique cela consiste à fournir un certain nombre de services, aussi bien à des individus qu’à des compagnies, dont notamment au niveau des impôts, de l’audit financier, de la comptabilité. Nous agissons également en tant que Corporate Secretary, service qui consiste notamment à gérer tous les documents financiers et administratifs d’une entreprise en accord avec la législation de Hong Kong qui oblige les entreprises à faire appel à un Corporate Secretary.
 
 
Qui sont vos clients ?
J’ai un bon mix de locaux et d’expats. 40/60 environ. Pour ce qui est des expats, je travaille essentiellement avec des Européens et des Américains et le plus souvent ce sont des compagnies qui font du sourcing en Chine et ont établi un bureau d’achats et de négo à Hong Kong pour acheter ces produits puis les envoyer vers leur pays d’origine. 
 
 
Vous faites ce métier depuis plus de 20 ans. J’imagine que le profil des gens et les sociétés que vous accompagnez au quotidien a beaucoup changé sur cette période. Est-ce que cela a amené une évolution de votre business ? 
Un des changements les plus profonds, selon moi, a été la transformation de Hong Kong qui est aujourd’hui une ville de services après avoir très longtemps été une ville industrielle. 

Quand ce virage a eu lieu, de nombreux étrangers ont vu Hong Kong comme une ville d’opportunités et cela a amené un nouveau type de business et d’entrepreneurs à Hong Kong. C’est à partir de là que ma clientèle expatriée a commencé à grossir car ces nouveaux entrepreneurs avaient besoin d’une personne connaissant les législations et taxes locales. J’ai aussi eu la chance de bénéficier d’un très bon bouche-à-oreille, notamment au sein de la communauté Française. Aujourd’hui, une grosse partie de mon temps est consacrée à aider des entreprises étrangères à s’implanter, et grossir, à Hong Kong.
 
 
 
Je dois avouer que tout ce qui relève des impôts, de l’audit comptable et de la comptabilité est assez flou pour moi. Et j’imagine que je ne suis pas la seule. Avez-vous quelques exemples concrets de clients que vous avez aidé d’une manière ou d’une autre ?
J’en ai beaucoup oui (rires). Sachant que ce que je fais est assez différent si je m’adresse à un client individuel ou à une compagnie.
 
Les individuels s’adressent le plus souvent à moi pour des questions relatives aux impôts. Si l’on sait tous que le système d’impôts ici est très avantageux contrairement à ce à quoi vous êtes habitués en Europe, je me rends compte qu’il y a une certaine méconnaissance des subtilités qui pourraient vous permettre d’optimiser encore plus ce que vous payez à l’état. J’ai par exemple eu un client Français qui s’est adressé à moi parce qu’il avait l’impression, à salaire à peu près équivalent, de payer plus que ses connaissances. 

Après une étude approfondie de son dossier et de son historique d’impôts, il est effectivement apparu qu’il payait trop et ce depuis quelques années en raison de changements professionnels et personnels mal renseignés. Je l’ai accompagné dans la construction d’un dossier pour plaider son cas, et montrer sa bonne foi, auprès du service des impôts ce qui lui a permis de récupérer 250,000 HKD. Ce n’est pas rien ! (Ndlr : si cette histoire vous semble trop belle pour être vraie, je peux moi-même témoigner qu’un ami proche a fait le même type de démarche et récupéré 70,000 HKD. Je ne peux que vous conseiller de prendre le temps de bien remplir vos impôts et/ou vous adresser à un professionnel en cas de question).
 
Quand aux entreprises, je peux aussi les aider à optimiser les impôts qu’elles payent. Comme je le disait avant, une grosse partie des compagnies que j’accompagne ont un bureau ici pour traiter des achats en Chine et des ventes dans leurs pays d’origine. Ce qui veut dire que, dans la plupart des cas, au moins une partie de leur activité est offshore. Or ici les activités offshores ne sont pas taxées. Là ou le bât blesse, c’est que ces compagnies ont souvent du mal à identifier, et donc justifier, quelle partie de leurs activités est offshore et quelle partie ne l’est pas. Je suis l à pour les aider à faire, avec 100% de succès jusqu’ici, leur offshore tax claim.


Un point commun entre les gens qui vous approchent et font appel à vos services ? 
Oui ! Je crois que le trait commun est une absence de connaissance du système de taxation et de comptabilité local, différent de celui auquel ces gens sont habitués et ils ne parlent pas le cantonais et cherchent donc une personne de confiance sur laquelle se reposer. Les entreprises pourraient embaucher quelqu’un en interne mais pour une SME, il est plus intéressant, financièrement parlant, de faire appel à un prestataire extérieur.
 
 
Vous comptez un bon nombre de français parmi vos clients. Comment cela se fait-il ?  
Parce que “j’adore la France”. Rires.
Plus sérieusement, il y a une belle communauté française à Hong Kong et mon sentiment est que le bouche-à-oreille joue un rôle important au sein de cette communauté. Mon histoire d’amour avec la France a commencé il y a une quinzaine d’année. Par hasard, j’ai travaillé pour un client français et je l’ai notamment accompagné en France, pour une mission de quelques mois sur l’une de ses compagnies. C’était mon premier voyage dans votre pays et cela m’a offert une sacrée expérience professionnelle en me permettant de m’immerger dans, et donc de mieux comprendre, votre culture du travail. J’ai donc cette expérience d’avoir travaillé en France qui est, je crois, plutôt unique pour un expert-comptable hongkongais.
 
Et puis il y a ma bonhomie qui je crois est rassurante ! Mes clients sont à l’étranger, face à un système de taxation et de comptabilité qu’ils ne connaissent et ne comprennent pas, je suis là pour les rassurer. Je ne suis pas trop du style à vous rencontrer une fois, vous vendre un package puis traiter uniquement par mail. Je pense que pour bien travailler ensemble nous devons nous connaitre. J’aime l’idée de faire des rendez-vous ou des déjeuners d’affaires. Ça me donne l’opportunité de boire du bon vin ! Ce n’est qu’en discutant que je peux vraiment comprendre vos besoins et vos interrogations.
 
 
Quel a été selon vous le plus gros défi dans votre aventure entrepreneuriale ?
Mon défi quotidien est de rester pertinent. Je ne vous apprends rien en vous disant qu’Hong King vit à 100 à l’heure. Ici, tout est en évolution permanente et cela s’applique aussi aux règles sur les questions comptables, financières et aux impôts et taxes. Je dois donc toujours être sûr d’avoir, et de comprendre, l’infos et d’identifier comment ces changements peuvent impacter, positivement ou négativement, mes clients. Mon défi est d’arriver à suivre la cadence du gouvernement et de ses décisions.
 
 
Et la plus belle récompense ? 
Voir grossir le business de mes clients est une belle récompense car cela signifie que mon travaille porte ses fruits. J’aime voir évoluer une compagnie, l’aider à s’implanter puis la voir grossir, c’est concret et je trouve gratifiant de savoir que mon rôle reste pertinent quelque soit le stade d’évolution auquel se situe cette compagnie. J’ai même vu certains clients que j’accompagnais revendre ou transmettre leur compagnie à la génération suivante et je travaille, aujourd’hui encore, avec les successeurs ce qui est pour moi une belle récompense de la relation de confiance que j’ai à cœur d’établir.
 


 

Raymond Lam
raymond@libration.com.hk
+852 3118 2261
 
K.F.LAM & Co

Certified Public Accountants (Practising)
Unit 3, 10/F, Arion Commercial Centre
2-12 Queen’s Road West
Sheung Wan












 

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