Entrepreneurs à Hong Kong : Girish, Fondateur et CEO du groupe Ovolo Hotels

8 Février 2021


par Aude Camus
 
Se réinventer et imaginer le futur d’une industrie sinistrée par le COVID-19, c’est le quotidien des groupes hôteliers depuis maintenant 1 an. Et s’ils s’accordent tous à dire que cette année a été l’une des plus difficiles jamais rencontrées, certains comme Girish Jhunjhnuwala aiment aussi à avouer que des défis surmontés sont nées des opportunités. À en croire l’actualité du groupe Ovolo Hotels qu’il a fondé, ces derniers mois ont effectivement été chargés. Plutôt que de se reposer ou se désespérer, Girish a choisi l’action et c’est en imaginant le futur de son industrie qu’il a décidé de naviguer ces temps difficiles.
 
Bonjour Girish ! Lancement de votre initiative Year of the Veg l’été dernier, ouverture d’un hôtel à Bali avant Noël, lancement d’un package quarantaine inédit et hyper attractif à Hong Kong, ouverture prochaine d’un hôtel à Melbourne … vous ne vous reposez donc jamais ? Merci de prendre le temps de répondre à mes quelques questions. Et si vous commenciez par vous présenter ?

Bonjour ! Et oui avec plaisir. Je suis né et j’ai grandi à Hong Kong puis je suis parti aux Etats-Unis pour étudier à l’Université de Californie du Sud (USC) à Los Angeles. Dès que j’ai obtenu mon diplôme, j’ai repris le business de montres de mon père. Business que j’ai cependant décidé de revendre peu de temps après. Une décision difficile.
 
J’ai toujours eu une passion pour l’hôtellerie, étant moi-même un grand voyageur. Mais c’est finalement un hasard qui m’a amené à lancer mon groupe hôtelier. Ma femme cherchait un local pour ouvrir son restaurant et alors que nous visitions un lieu au 2 Aburthnot Road, l’agent immobilier nous a informé que tout le building était à vendre. J’ai juste suivi mon cœur et mon instinct et cette adresse est devenu Ovolo Central.

Les hôtels que j’ai créés, je les ai imaginés à partir de mon expérience. Tout ce que, en tant que client, j’ai toujours trouvé irritant quand on entre dans une chambre d’hôtel, j’ai voulu l’éliminer.
 
 
Et du coup Ovolo Hotels en quelques mots c’est quoi ?
Un groupe fun, moderne et qui ne se prend pas la tête.
 
 
Votre industrie a été en première ligne depuis le début de la pandémie. Comment faites-vous face à la situation ?
Il est vrai que nous avons particulièrement souffert. Les manifestations à Hong Kong nous avaient déjà portée un sacré coup, l’arrivée du COVID par-dessus ceela ça a été un coup de massue. C’est simple, on a perdu quasi l’intégralité des voyageurs qui venaient à Hong Kong. Cela ne nous a pas vraiment laissé d’autre choix que celui de s’adapter. Nous avons par exemple imaginé le programme « Quarantine Concierge » qui est extrêmement populaire parce qu’il humanise et rend fun, du moins autant que faire se peut, cette expérience parfois très difficile qu’est la quarantaine à l’hôtel.

Certains disent que de tout défi naissent des opportunités et ils semblent que cela soit votre approche. Me trompe-je ?
Absolument pas. L’une de mes citations préférées est de Winston Churchill « never let a good crisis go to waste”. Cette année a été extrêmement difficile mais a également été un formidable tremplin pour un bon nombre d’initiatives que nous avions en tête. Nous avons décidé de tabler non pas juste sur un retour à la normale mais sur une transformation profonde des choses,
 
Nous avons par exemple lancé :


 

Year of the Veg : en Août 2020, l’intégralité de nos restaurants sont devenus végétariens. Pour des questions environnementales bien sûr mais aussi parce que 2020 nous a montré que notre santé est essentielle et que je suis persuadé qu’un régime végétarien a un impact positif direct sur celle-ci
 

Bali, Baby ! : en Novembre 2020, nous avons pu ouvrir notre premier hôtel à Bali sur Kuta beach. Le fruit d’un travail acharné par mes équipes et le résultat de nombreuses réunions sur Zoom
 

Melbourne : en Avril 2021, nous allons ouvrir un nouvel hôtel, Ovolo South Yarra. Au programme, des vibes années 70 en allant du papier-peint des chambres jusqu’à la playlist de l’hôtel. On offre à nos clients un voyage dans le temps à défaut de pouvoir leur offrir de voyager pour de vrai pour le moment.
 
 
Comment imaginez-vous le futur proche de votre industrie ?
Moi je crois en, et donc mise sur, l’humain. Pour moi, les groupes hôteliers se précipitent un peu trop pour remplacer des humains par des machines dès que possible. Mais finalement, n’est-ce pas l’humain qui rend une expérience unique ? Pour moi le luxe c’est la personnalisation et c’est une chose que la technologie, aussi incroyable et utile soit-elle, ne pourra jamais mieux faire qu’un humain.
 
 
Vous avez également lancé un projet pour vous associer avec une ONG et proposer des nuits à 1 HKD pour ceux en difficultés financières qui souhaitent rentrer chez eux. Pouvez-vous m’en dire plus ?
Malheureusement, la pandémie, en plus de mettre notre santé en danger, creuse les inégalités. Et certains sont bloqués à l’étranger, sans possibilité de rentrer chez eux. Je crois qu’en tant qu’acteurs de l’industrie hospitalière, c’est notre rôle d’agir pour aider ces personnes. Nous associer avec une ONG va nous permettre d’établir des critères objectifs et clairs pour attribuer ces chambres qui si elles sont à 1 HKD viennent avec les mêmes services que les autres chambres.
 
 
Quel a été selon vous le plus gros défi dans votre aventure entrepreneuriale ?
Trois mois après avoir ouvert mon premier immeuble de services appartement j’ai eu un gros coup de mou. L’impression d’avoir touché le fond, de ne servir à rien et d’avoir tout raté vu que je n’avais quasiment aucun locataire. Mais ce que j’en retiens aujourd’hui c’est que tout est temporaire et qu’il faut croire en soi et avoir un peu de patience.
 

Et la plus belle récompense ?
L’humain encore. Ma plus belle récompense et d’avoir construit une équipe sur laquelle je peux m’appuyer, une équipe qui s’est serrée les coudes ces derniers mois et qui m’a portée.
 
 



 

 

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