Jimmy’s Kitchen : une belle portion de nostalgie, servie avec un soupçon de modernité

Ce restaurant emblématique réouvre ses portes pour ses 96 ans, et nous y dînons pour la toute première fois

26 Avril 2024


Jimmy’s Kitchen : une belle portion de nostalgie, servie avec un soupçon de modernité
par Aude Camus 
 
Je suis bien placée pour le savoir, à Hong Kong de restaurants ouvrent et ferment leurs portes tous les jours. Et clairement les établissements qui peuvent se targuer d’avoir presque 100 ans d’existence ne courent pas les rues. D’ailleurs, Jimmy Kitchen’s, qui fêtera ces 100 ans en 2028, a failli ne jamais atteindre cet anniversaire symbolique puisque que le restaurant avait initialement rejoint la longue liste des établissements ayant mis la clé sous la porte pendant la pandémie. Cette réouverture, inattendue donc, semble prouver que les anciens ont cette résilience qui manque souvent aux plus jeunes. Oui car Jimmy’s Kitchen a presque tout vécu, de l’occupation japonaise pendant la seconde guerre mondiale à la rétrocession de Hong Kong et la pandémie.
 
Mais avant de continuer j’ai une question pour vous : aviez-vous déjà entendu parler de ce restaurant avant de lire cet article ? Si l’adresse semblait connue de la communauté britannique, et notamment de ceux qui ont grandi à Hong Kong et ont vécu les heures de gloire du restaurant, il me semble qu’elle était passée complétement sous le radar de la communauté française. Mais dites-moi si je me trompe. Quoi qu’il en soit, j’ai décidé de me renseigner quand la rumeur de la réouverture à commencer à agiter le microcosme de la communauté foodie de Hong Kong. Et je me suis retrouvée plongée dans des histoires et des photos d’archives qui témoignait de la grandeur passée de l’adresse, qui vit le jour pour répondre au désir de cuisine continentale des marins américains et anglais, et son héritage. Ma question a alors été de savoir si cet héritage ne serait pas trop lourd à porter en 2024. 
 
Marquée par les images historiques que j’avais consultées, j’imaginais pénétrer dans un lieu à l’ambiance club de gentlemen. Je vous laisse donc imaginer ma surprise quand j’ai découvert la salle plutôt contemporaine et dominée par un vaste bar-comptoir où sont découpés et préparés des poissons crus. Si les références au passé glorieux de cette institution ne manquent pas, l’ambiance se veut résolument moderne. 

Jimmy’s Kitchen : une belle portion de nostalgie, servie avec un soupçon de modernité
Pour ce qui est de la cuisine je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Mais je sais que je ne m’attendais définitivement pas à ce ‘crudo bar’. Non moi j’avais plutôt en tête une version un peu gastronomique de la ‘soy sauce Western cuisine’, cette cuisine continentale adaptée avec des ingrédients hongkongais. En gros, je m’attendais à une sorte de cha chaan teng en version gastronomique.

Jimmy’s Kitchen : une belle portion de nostalgie, servie avec un soupçon de modernité
Et là encore, j’étais bien loin du compte. La cuisine de Jimmy’s Kitchen est une cuisine résolument européenne, désuète mais d’une désuétude qui a un charme certain (un peu comme peut l’être la cuisine de bistro française hyper traditionnelle). Ce que j’ai trouvé fort c’est que j’ai ressenti une certaine nostalgie pour des plats que je n’avais jusqu’ici jamais mangé de ma vie. Le suprême de poulet ‘Kiev’ par exemple, une spécialité dont je n’avais jamais entendu parler, et qui consiste en un bout de poulet farci d’un cœur de beurre chaud à l’ail qui s’écoule délicieusement à la découpe pour venir se répandre sur la purée de pommes de terre sur laquelle la viande est posée … décadent et régressif à souhait. J’ai ressenti cette forme de confort, l’impression de savoir que je ne serai jamais déçue (mais jamais extrêmement surprise non plus) en venant ici – comme si j’y avais mangé toute ma vie. 
 
Bon évidemment nous sommes en 2024 et donc la réouverture du restaurant a également été l’occasion de rafraîchir un peu la carte. Le chef Russell Doctrove y a notamment apporté quelques propositions un peu moins lourdes et j’ai beaucoup apprécié la chaire de crabe dans une sauce hollandaise bien citronnée, le thon cru servi sur une purée d’aubergine fumée et les filets de harengs. 

Jimmy’s Kitchen : une belle portion de nostalgie, servie avec un soupçon de modernité
Le verdict ? Je trouve que Jimmy’s Kitchen s’en sort bien et arrive à créer un équilibre entre modernité et charme suranné, pour pouvoir s’adresser aussi bien aux anciens qu’à ceux qui, comme moi, ne connaissait pas le restaurant avant. 
 



Jimmy’s Kitchen
www.jimmys.com   
M/F, Pedder Building, 12 Pedder Street, Central






 

 
Cet article s’appuie sur un dîner médias organisé par Jimmy’s Kitchen. Il n’a pas donné lieu à une rémunération financière et l’avis exprimé est donc 100% celui de son auteur. 












 


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